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Maryvonne à Casteljaloux

22 mars 2011

lundi 21 mars

Tout ce silence…!

Je suis rentrée dans une vie régulière, sans asperités : je travaille du lundi au jeudi de 9 heures à 18 heures. Le jeudi soir, je rejoins Jean-Luc à la gare de Lyon pour aller chez lui à côté de Valence, je passe seule la journée du vendredi, et le soir il rentre avec toute la tribu, ses enfants, les miens et leurs copains. Son ex femme est passée aussi un dimanche. C’est vivant, joyeux. Jean-Luc est à l’aise au milieu de toute cette agitation. Même Thomas et Leïla s’y sentent bien, pourtant, Thomas a été sacrément chahuté quand il a dit qu’il était policier, puis c’est passé.

Moi, je me demande parfois ce que je fais là ! Souvent je me sens dépassée. Quand Jean-Luc s’en aperçoit, et il s’en aperçoit toujours, on s’isole tous les deux, dans sa chamber ou alors on va se balader et ça va mieux après.

Souvent, le matin, quand tout le monde dort encore, je vais gratter dans le jardin. Hier, nous avons mangé les premiers radis et j’ai cueilli un énorme bouquet de jonquilles.

Le reste de la semaine, Jean-Luc vient souvent dormir chez moi et nous avons acheté un clic-clac pour remplacer mon petit lit d’une place.

Au travail, je suis de plus en plus à l’aise. Ça m’a fait drôle quand un jour j’aieu l’assistante sociale au telephone : elle voulait des precisions sur un avis d’échéance débiteur. J’ai contacté le bailleur. C’est juste que l’APL avait  été versée en retard.  Je lui ai dit  que je ferai la regularisation le mois prochain. Elle ne m’avait pas reconnue ! La semaine dernière, elle est venue en reunion ici, à Paris et nous sommes allées déjeuner ensemble, entre collègues !

Vendredi, je suis allée à la rencontre parents-professeurs au lycée de Sarah. Je n’ai entendu que des éloges à son sujet. Ils disent que c’est une de leurs meilleures élèves. J’ai vu le costume qu’elle a fait pour une méduse dans une comédie musicale sur la petite sirène, il est magnifique et je suis très fière de ma fille !

J’ai été nommée tutrice de ma fille par le tribunal. Mais à part ce “détail”, rien dans notre vie n’a changé. Le 21 avril, nous avons rendez-vous à Casteljaloux avec le notaire et l’administrateur de bien. Jean-Luc et Thomas ont proposé de venir avec nous. Le fait d’avoir de l’argent n’a pas l’air de l’affecter beaucoup. Elle continue d’avoir les mêmes projets qu’avant et je trouve que c’est plutôt rassurant.

À la fin du mois de février, nous nous sommes retrouvées une soirée, Léonie, Alice, Adèle, Céline, Nine et moi, comme de vieilles amies. Léonie nous a toutes invitées à aller au théâtre de la Commune à Aubervilliers jeudi prochain : il y a une pièce qui s’appelle Casteljaloux et elle voudrait que nous venions apporter notre témoignage car elle fait la promotion des bains de Castel après la pièce. Il n’y a que Nine qui est à l’aise avec cette idée, mais on ne peut vraiment pas laisser tomber Léonie, alors on lui a dit qu’on serait toutes là.

Pierre, le fils aîné de Jean-Luc m’a prêté un ordinateur portable dont il ne se sert plus. C’est plus facile, mais je ne suis plus aussi disponible pour écrire; En fait, je n’en ai même plus envie : je me dis souvent que peut-être, le Bonheur ne peut se vivre que dans le silence.

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22 mars 2011

vendredi 4 février

Il me semble qu’il y a une éternité que je n’ai pas écrit ici !

Et là, je ne sais plus quoi ni comment le dire.

D’abord peut-être Sarah. Elle a éclaté de rire quand je lui ai parlé de son héritage, de sa fortune, du golf, du chateau, du restaurant, des chalets, du lac… Les seules choses qui l’intéressaient, c’était de savoir qui était vraiment ce vieux Monsieur par rapport à son père,  quelle était cette injustice dont il avait été victime en 1984, pourquoi il avait quitté Casteljaloux, où et quand il était mort.

Autant de réponses que je ne pouvais pas lui donner. Sauf qu’il était mort le 17 juillet dernier à l’hôpital intercommunal de Montreuil. C’est à dire tout près de chez nous.

Elle a voulu téléphoner au notaire qui ne l’a pas plus éclairée.

J’ai fait ce que m’a demandé le notaire : j’ai demandé un certificat d’hérédité et j’ai pris rendez-vous au tribunal pour être la tutrice de ma fille. C’est un comble !

Maintenant, il faut attendre.

Lundi 24 janvier, j’ai commencé à travailler à Aurore. Pendant une semaine, j’étais avec Jocelyne, la collègue qui partait à la retraite. Elle me disait tout ce qu’il y avait à faire et moi, je prenais des notes comme une folle. Depuis le début de cette semaine, de ce mois, j’ai reçu et classé tous les avis d’échéance, je les ai tous répercutés au nom des sous locataires de l’association et je les ai envoyés dans les differents services . Je pense que je ne m’en suis pas trop mal tirée. En fait, je ne suis pas toute seule, on est trois pour faire ce travail. Et elles m’ont bien aidée au début.

Je travaille 4 jours par semaine de 9 à 18 heures avec une pose déjeuner d’un quart d’heure. Et mon salaire sera de 1637.24 euros ! 400 euros de plus qu’à Carrefour ! Claire ne travaille pas le lundi, Céline qui a deux petits enfants ne travaille pas le mercredi et moi c’est le vendredi.

Ce qui fait que ce matin, j’ai dormi jusqu’à 11 heures. Cet après midi, j’ai fait lessive, ménage et courses pour la semaine et maintenant j’attends Sarah et Hugo pour rejoindre Jean-Luc à la gare de Lyon. Ce soir nous dormirons aux Prats, chez lui.

Souvent, dans la semaine, c’est lui qui reste dormir chez moi. C’est vraiment un homme bien, qui respecte mes réticences, mes silences, mes besoins de solitude.  

Il s’entend bien avec Sarah et Hugo, mais c’est normal, c’est son neveu. Il n’a pas encore eu l’occasion de rencontrer Thomas et Léïla. Peut-être un soir, la semaine prochaine.

Claire et Céline m’ont posé des questions sur moi et j’ai eu un peu de mal à leur répondre. J’ai pu leur parler des enfants, mais je suis restée très évasive sur ma vie : je ne voulais pas leur parler de mes galères. Quant à ma vie sentimentale, j’ai esquivé la question. Claire s’en est rendue compte et s’est excusée de leur indiscretion. Je ne peux pas encore parler de Jean-Luc comme faisant partie intégrante de ma vie. C’est trop tôt, je n’ai pas encore realisé vraiment. Pourtant dans quelques heures, l’homme qui me prendra dans ses bras et m’embrassera tendrement sera bien réel et je suis sûre que ça lui ferait de la peine de savoir que je ne suis pas encore prête à l’intégrer à ma vie. Moi aussi je suis triste de constater cette incapacité. Ma carapace est tellement blindée !

22 mars 2011

vendredi 21 janvier

Aujourdhui, Jean-Luc a été appelé pour travailler. Il reviendra vers 17 heures. Presque jai envie de dire ouf. Mais en même temps, cest complètement injuste : il est adorable, présent, aux petits soins pour moi, attentif à mes moindres désirs et cest justement ça qui me fait drôle, cest tellement peu dans mes habitudes ! Alors cette journée de solitude me fait beaucoup de bien pour penser à tout ce que jai vécu ces derniers temps qui me bouleverse totalement.

 

 

Quand je relis les premières pages de ce journal, jai limpression quelles ont été écrites par quelquun dautre, par quelquun qui subissait sa vie plutôt que de la vivre.

 

 

Ces pages ont commencé avec linvitation au weekend à Casteljaloux. Le changement vient du fait que je nen ai pas parlé à lassistante sociale. Jai décidé seule de laccepter et en lacceptant, cest plus quune page de ma vie que jai tourné, cest un livre que jai fermé, rangé pour en prendre un nouveau, pas encore écrit, mais qui pour une fois ne me fait pas peur.

 

 

Il y a plein de signes qui me le disent : jai rencontré Jean-Luc dans lAube, je vais travailler à Aurore rien que des débuts ! Cest important dy être attentive pour ne pas laisser partir ce train comme je lai fait jusquà présent en me disant que ce nétait pas pour moi, que je devais me contenter de ma petite vie étriquée de galères.

 

 

Je crois que le signe le plus énorme en fait, cest ce maillot de bain.

 

 

Je ne sais absolument pas pourquoi jai fait une telle dépense. Cest plus que mon budget vêtements dune année entière !

 

 

Sans vouloir me vanter, je trouve que cétait de loin le plus beau maillot des thermes !

 

 

Jamais je nen ai eu comme celui-là. Gamine, cest ma mère qui me les faisait, en aplatissant bien la poitrine, avec une sorte de jupette qui cachait le haut des cuisses : une horreur. Puis il y a eu ceux de chez Tatie et le dernier, tout déformé, je lai depuis plus de dix ans. Je lavais trouvé au secours catholique.

 

 

Lorsque je porte ce maillot, je me sens, je suis une autre femme. En ce moment même je le porte, pour mon seul plaisir, pour sentir son contact sur ma peau.

 

 

Il est en lycra, doux et fluide. Il est entièrement doublé. La poitrine est bien maintenue haut-perchée, mise en valeur. Sur le côté gauche, des plis tout le long de la couture donnent de laisance sans me comprimer le ventre. Dans le jacuzzi, cétait drôle : les bulles rentraient sous le maillot et le faisaient palpiter à cet endroit ! On aurait dit quil était vivant et quil frétillait de bonheur ! Cétait comme une respiration, une respiration quil me permettait. Cette sensation de respiration est renforcée par son imprimé. Si le fond est noir, il est recouvert de feuilles nervurées, des feuilles blanches, beiges, mais surtout rouges. Des feuilles vertes, ça naurait pas fait la même chose, caurait été  banal, ordinaire. Là, tout de suite, ça fait exotique et il y a aussitôt un mot qui me vient : canopée avec tout ce quil mévoque, le moutonnement de la forêt tropicale, la chaleur, le cri des oiseaux inconnus et le vent dans les feuilles comme une respiration.

 

 

Cest fou comme une seule lettre peut tout changer et faire basculer un univers. Quand je pense à canapé, je vois Claude avachi dedans, je vois  les mégots qui débordent du cendrier, les cannettes de bière par terre, les paquets de chips éventrés, je sens lodeur du tabac froid et le goût du sang dans la bouche qui suit les premiers coups.

 

 

Oui, depuis quelques temps, je laisse des mots rares envahir mon quotidien et me transporter là où ils veulent, loin de la vie de tous les jours, loin de ce qui mangoisse.

 

 

AUBE, AURORE, CANOPEE.. Je respire un autre airJe suis bien dans ma seconde beau si douce.

 

 

Je retirerai mon maillot de bain avant le retour de Jean-Luc, il va me prendre pour une folle.

 

 

Sa maison aussi cest étrange. Je my sens bien, même sans lui. Elle est toute en longueur et toutes les pièces du rez de chaussée souvrent sur le jardin.

 

 

Il y a un grand séjour dans lequel tiendrait mon appartement tout entier. Une cheminée en pierre devant laquelle trônent deux fauteuils club en cuir, de ces fauteuils qui vous prennent bien dans leurs bras et où il fait bon se prélasser le soir devant le feu. Les murs sont couverts détagères pleines de livres, de bandes dessinées et de CD. A un bout du séjour il y a une chambre-bureau, à lautre une grande cuisine, peinte en jaune soleil, ouverte sur le séjour pour ne pas isoler celui qui prépare les repas (je nai pas encore osé my installer). Ensuite vient un sas avec les toilettes et un grand placard puis la chambre de Jean-Luc toute blanche avec une salle de bain au carrelage multicolore et aux couleurs chaude de terre du sud. Derrière la cheminée, un escalier monte au grenier qui a été aménagé en deux grandes chambres-dortoir avec au milieu des toilettes et une salle de bain, cest le domaine des enfants, il ny va jamais.

 

 

Une tonnelle recouverte de glycine occupe tout le devant de la maison, avec une treille à chaque bout.

 

 

Les portes, les fenêtres et les volets sont peints en bleu-provence.

 

 

Le jardin est rempli darbustes qui fleuriront et sentiront bon au printemps, des lavandes, des chèvrefeuilles, des rosiers et du jasmin. Des arbres fruitiers aussi, cerisiers, pêchers, abricotiers, amandiers, pruniers, pommiers, jujubiers, un kaki, un kumquat et un néflier.

 

 

Le long du mur, bien protégé du mistral, il y a un potager au milieu duquel trône un vieux puits en pierre surmonté dun dome en fer forge.

 

 

Tout au fond du jardin, avant un petit bois, il y a une piscine, au milieu dune pelouse.

 

 

La maison est en pleine campagne, entourée de champs dabricotiers et de pêchers.

 

 

Un autre monde….

 

Avant, cétait une grange. La maison de famille est un peu plus loin. Cest son frère qui y habite, celui qui a repris lexploitation des fruitiers.

 

 

Il a aussi une sœur qui habite Valence où elle a une boutique de fleurs, une autre qui vit à Lyon, elle est institutrice dans une école maternelle et la compagne du père dHugo qui travaille à la sécurité sociale en région parisienne.

 

 

Les enfants de Jean-Luc vivent à Grenoble où ils sont encore étudiants mais viennent souvent le voir, surtout le weekend. En fait, tous les weekend, la maison est pleine et il a proposé à Sarah de venir avec Hugo et il ma dit den parler aussi à Thomas et à Leïla.

 

 

Ça va vite !

 

 

Ma vieille peur est toujours là !

 

 

Dès que je suis arrivée ici, lundi, jai appelé le notaire de Casteljaloux.

 

 

Javais besoin de comprendre.

 

 

Il ne ma pas donné trop de détails car celui dont Sarah est lhéritière ne la pas souhaité. Tout ce quil a pu me dire, cest quil sagissait dun vieux monsieur, très riche, mort sans enfants, qui à fait de Claude son légataire universel pour compenser linjustice dont il a été victime et qui a causé son départ de Casteljaloux en 1984.

 

 

Voilà lexplication dont je dois me contenter et qui entoure la vie de Claude de mystère.

 

 

Cest de tout le « complexe touristique » de Casteljaloux dont il sagit ! Tout a été mis en gérance dans lattente de retrouver Claude et lorsque son décès a été appris, il y a six mois, le notaire a fait des recherches pour savoir sil y avait des descendants. Cest un hasard que je me sois présentée à la mairie. Il voudrait que je lui fournisse un certificat dhérédité de Sarah que je fasse le nécessaire auprès du tribunal pour pouvoir être nommée sa tutrice et que je prenne ensuite contact avec ladministrateur de biens qui gère la fortune de Sarah. LA FORTUNE !

 

 

Encore une fois un autre monde….

 

A Casteljaloux, les filles ont été très chouettes avec moi. On était allées au marché ensemble le samedi matin. Je les avais quittées pour aller à la mairie. Elles mont bien entourée quand elles ont su que Claude était mort et ce sont elles qui mont encouragées à aller chez le notaire, même si je navais pas de rendez vous. Quand je suis sortie, elles ont tout de suite vu que jétais bouleversée et elles ont proposé quon aille pique niquer au lac de Clarens. Cest vrai que je devais avoir lair ahuri quand jai découvert la « petite maison de berger ». Quand je pense que je cherchais une golf, une voiture ! Tiens golfe, cest encore un mot rare qui vient envahir mon quotidien.

 

 

Même sil faisait froid, je me suis trempé les pieds dans le lac de ma fille !

 

 

Je ne lui ai encore rien dit. Jattends de la voir pour tout lui raconter de vive voix.

 

 

Mercredi, Jean-Luc m’a accompagnée à Béziers. Nous avons passé la journée avec mon père et ma soeur. Mon père a donné à Jean-Luc une bouteille de cartagène. Ils se sont bien entendus tous les deux. Ma soeur m’a dit au moins dix fois qu’elle me trouvait l’air heureux. Elle me l’a dit avec un petit air pincé qui m’a fait penser à ma mère quand elle me traitait de trainée. C’est comme si elle me reprochait mon Bonheur tout neuf.

 

 

Avant le retour de Jean-Luc, je suis allée dans le jardin ramasser de la doucette, pour la salade, puis jai preparé des coquilles saint Jacques et une fondue de blancs de poireaux avec de la crème fraîche et du vin blanc. Avec des pommes de terre et le vert des poireaux, jai fait une soupe. Et pour finir le repas, des îles flottantes.

 

 

Jamais encore ça ne métait arrivé dêtre femme au foyer, préparant seule le repas dans lattente du retour de son homme. C’est étrange comme sensation, mais pas désagréable.

 

22 mars 2011

Lundi 17 janvier

Que d’émotions durant ce weekend, que de choses à en dire, il me faudrait la journée !

 

 

Mais Jean-Luc est venu me chercher hier soir à la gare et nous prenons le TGV pour Valence vers 13 heures 30 (il ne m’a pas dit l’heure exactement).

 

 

Sarah est allée dormir chez Hugo hier. Je ne l’ai pas vue. J’aurais aimé qu’on puisse être rien que nous deux pour lui dire tout ce que j’ai appris sur son père, sur sa famille.

 

 

C’est dur d’avoir à composer avec quelqu’un d’autre, d’avoir à faire des concessions quand on a pris l’habitude de tout faire et de tout décider toute seule !

 

 

Quand j’ai accepté d’aller passer cette semaine chez Jean-Luc, je ne savais pas l’importance de ce que j’allais apprendre à Casteljaloux et maintenant qu’il a tout organisé, qu’il est venu me chercher, je ne peux plus changer d’avis. Et ça me pèse.

 

22 mars 2011

jeudi 13 JANVIER

Je n’aurais pas du rentrer à pieds lundi soir.

 

 

Mardi, en me réveillant, j’avais la gorge en feu et à la fin de la journée mon nez coulait en fontaine et j’avais les yeux aussi gonflés, rouges et larmoyant qu’un lapin qui a la myxomatose.

 

 

Je m’étais endormie quand Sarah est rentrée. C’est elle qui a ouvert à Jean-Luc, un peu surprise, j’avais oublié de lui dire qu’il venait !

 

 

Je ne sais pas combien de temps il est resté à me regarder dormir. Quand j’ai ouvert les yeux,j’ai un peu paniqué de le trouver là. J’avais honte de ma tête comme une cougourde mais lui, ça le faisait sourire de me voir dans cet état. Il disait qu’il en était tout attendri et prêt à partager avec moi-même les moments difficiles. En fait il voulait m’emmener hier chez lui pour me ramener ce soir, mais je n’ai pas voulu, je me sentais trop mal et je voulais tout faire pour être en forme pour partir demain.

 

 

Comme je ne commence à travailler que le 24, il m’a proposé de venir passer la semaine prochaine chez lui à côté de Valence, il sera en congé et si je veux, il m’accompagnera à Béziers chez mon père. D’abord j’ai dit non parce que je n’ai pas les moyens de payer le train, mais il m’a dit qu’en voyageant avec lui, je n’aurai pas à payer. Alors j’ai accepté.

 

 

Hier, il ne m’a pas réveillée quand il est parti et je suis restée couchée toute la journée, je ne pouvais pas ouvrir les yeux.

 

 

Aujourd’hui, ça va déjà mieux et j’ai préparé ma valise, je me suis rasée les jambes et sous les bras et je me suis lavé les cheveux.

 

 

J’ai hâte d’être à demain…

 

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21 mars 2011

lundi 10 janvier

Le weekend fut très doux.

 

 

Ça fait une heure que j'ai écrit « Le weekend fut très doux. » et je me suis arrêtée, le sourire aux lèvres, perdue dans mes pensées, dans mes souvenirs de ce weekend très doux.

 

 

Et je ne peux rien en écrire. J'ai peur qu'en passant par des mots, tout devienne plat, banal, sans éclat, sans chaleur. Que ça s'envole...

 

 

Le weekend est passé à toute vitesse comme dans un rêve et à un moment je me suis retrouvée toute seule sur le quai C à regarder son TGV qui partait. Une heure après, il m'envoyait un texto, puis un autre quand je m'endormais et ce matin en me réveillant aussi.

 

 

Et mardi soir, il revient.

 

 

A la dernière pose de samedi, j'ai mis ma lettre de démission dans le casier du chef, pas le chef de caisse, le gérant : il n'était pas là.

 

 

Vers 14 heures ; je suis passée le voir. Il était persuadé que j'avais fait ça uniquement pour le faire réagir parce qu'il m'avait mise sur le planning du vendredi et du samedi que j'avais demandé en congé. Je ne m'en étais même pas rendue compte mais je ne l'ai pas détrompé. Il fera plus attention avec les collègues ! Je ne lui ai pas dit pourquoi je partais, seulement que c'était pour une raison personnelle.

 

 

Il était drôlement embêté et il m'a demandé de faire quand même ma journée, le temps qu'il trouve à me remplacer. On a compté mes jours de congé et mes heures sup : il va me les payer en plus de mon salaire de janvier.

 

 

Michèle non plus n'y croyait pas. Elle était à la caisse à côté de la mienne quand Jean-Luc y était passé samedi. Je ne l'avais pas vu arriver. Il a posé une bouteille de champagne sur le tapis roulant en me demandant si une belle femme comme moi était d'accord pour partager une coupe avec lui après mon travail. Elle s'est retournée d'un bloc pour nous regarder d'un air ahuri parce que je m'empressais d'accepter pendant qu'il me faisait un baisemain !

 

 

Michèle pensait que c'était pour lui que je partais et elle était très inquiète pour moi que je m'emballe aussi vite. Je leur ai dit, à elle et à Rachida que j'avais trouvé un travail de secrétariat que je commençais le 24. Elles étaient contentes pour moi.

 

 

La journée a passé vite et je suis rentrée à pied. Du fond de mon lit, on s'envoie des textos comme deux ados.

 

22 février 2011

Vendredi 7 janvier

S’il ne se passait rien hier, aujourd’hui, ça bouillonne tellement que je ne sais même pas par où commencer ni ce qui a de l’importance ou non.

Mes rendez vous : celui de 11 heures à Stalingrad. Il s’agit d’assurer l’accueil des gens qui ont un contrat avec les chantiers d’insertion de second œuvre du bâtiment, de faire le secrétariat pour les chargés d’insertion professionnelle et  si mon CV a été retenu par le chef de service, c’est surtout parce que j’avais déjà travaillé dans une entreprise du bâtiment à faire des devis et de la facturation. Je lui ai dit que j’avais moi-même un accompagnement social lié au logement qui se terminait à la fin du mois et que ça me faisait drôle de me retrouver d’un seul coup de l’autre côté. Je lui ai dit aussi qu’à Carrefour, j’étais déléguée du personnel, j’aurais peut-être pas dû.

J’ai eu du mal mais j’ai réussi à lui demander combien j’allais gagner. Il m’a dit aux alentours de 1400 euros nets plus les tickets restaurants et le remboursement de la moitié de la carte navigo. Je lui ai demandé s’il ne tenait pas compte de mon ancienneté et il m’a répondu que non. L’entretien n’a pas duré très longtemps et il m’a dit qu’il me donnerait la réponse mardi. Je ne lui ai pas parlé du deuxième rendez vous.

A 15 heures, j’étais à Belleville. C’est la secrétaire qui s’en va à la retraite qui est venue m’ouvrir. Elle m’a proposé un thé et m’a fait visiter les bureaux. Puis le directeur est arrivé. C’est le directeur du pôle habitat, le même que le service de mon assistante sociale. Il savait que j’avais un accompagnement et nous avons un peu fait un bilan de ce que j’avais fait pendant les 18 mois du suivi social. Je ne m’attendais pas du tout à ça ! Il m’a demandé si je connaissais les autres services de l’association.  Je lui ai dit que l’assistante sociale m’avait donné un livret d’accueil et une plaquette de l’association. Je lui ai dit aussi que j’avais discuté avec les deux secrétaires, qu’elles m’avaient rapidement expliqué en quoi consistait le travail et que je pensais qu’avec mon expérience professionnelle  ça me semblait assez simple. En disant ça, je devais être rouge comme une tomate et j’osais à peine le regarder. C’est lui qui a abordé la question du salaire en regardant mon CV. Il m’a dit, en souriant, qu’étant donnée ma longue expérience, le salaire de base qui était prévu ne lui semblait pas suffisant mais qu’à ce stade, il ne pouvait pas m’en dire plus. Il m’a dit aussi qu’il n’y avait pas d’autres candidatures, que si je voulais le poste, il était pour moi et il m’a demandé si je pouvais me rendre disponible rapidement pour que la collègue qui partait me mette au courant en détail du travail de quittancement à effectuer. Il me parlait comme si je travaillais déjà là. Je lui ai dit que je n’avais pas encore donné ma lettre de démission à Carrefour mais qu’avec mes congés, je pourrais sûrement partir dès la fin de la semaine prochaine. Il m’a dit qu’une semaine en doublon devrait suffire et que si cela me convenait, je pourrais commencer le 24 janvier.

Evidemment que ça me convenait ! En marchant dans la rue j’avais l’impression d’être sur un nuage. J’ai marché un moment au hasard des rues et je suis tombée sur LE magasin qu’il me fallait « Ronde et charmante » ! Et en plus, il y avait des maillots de bain ! Mais à 150 euros. La vendeuse m’a proposé d’en essayer un, mais je lui ai dit qu’à ce prix là, ce n’était pas dans mes moyens. Elle m’a dit qu’exceptionnellement, elle me ferait la même réduction de 50 % que pendant les soldes. Alors, je l’ai essayé, il m’allait parfaitement et je l’ai acheté. C’est une folie, même à ce prix, mais tant pis, je vais mieux gagner ma vie alors….

En rentrant, j’ai trouvé Sarah toute excitée. Elle disait que lorsque je lui avais parlé la première fois du weekend à Casteljaloux, ce nom là lui disait quelque chose mais elle ne se souvenait plus quoi. Et puis, aujourd’hui, elle avait ouvert ce livre que je reconnaissais, le seul livre que possédait son père. En guise de marque page, l’acte de naissance de Jean, Claude Chalosse, fils et petit fils de Jean Chalosse, moutonnier des Landes, dont la vie et la mort, sur un trottoir de Bordeaux était racontée dans ce livre.

Elle me rappelait qu’il lui avait dit qu’un jour, elle hériterait d’une jolie maison de berger dans la forêt des Landes, tout près d’un lac. C’est là qu’il avait vécu jusqu’en 1984. Mais il s’était mis en colère quand elle lui avait demandé où il était allé après.

Au fur et à mesure qu’elle évoquait son père, elle était de plus en plus triste et à la fin, elle était en larmes. C’est la première fois depuis qu’on était dans ce logement qu’elle me parlait de lui. Elle se disait qu’il ne connaissait pas notre nouvelle adresse et que même s’il le voulait, il ne pourrait pas nous retrouver.

Je ne savais pas quoi faire pour la consoler. Il y a toujours Marthe Galois dans notre ancien immeuble qui pourrait lui dire où nous habitons.

Finalement, je lui ai promis de passer à la mairie de Casteljaloux pour savoir au moins s’il est encore vivant.

Sarah a fini par s’endormir sur le canapé. Je l’ai recouverte de sa couette et je l’ai écoutée respirer.

C’est seulement à ce moment là que je me suis laissé aller à penser à Jean-Luc, à son silence depuis deux jours. Pendant cinq jours, je m’étais mise à rêver comme une midinette avec une facilité et une rapidité dont je ne me serais pas crue capable. Mais qu’est ce que j’espérais ?

Je crois que je m’étais endormie quand la sonnerie annonçant un texto s’est faite entendre. Un seul mot : Fâchée ?

J’ai sauté sur mon téléphone comme si ma vie en dépendait et nous avons parlé pendant plus d’une heure sans pouvoir se résoudre à raccrocher.

Demain, à 15 heures, il sera là, demain à 15 heures, j’aurai donné ma lettre de démission. Demain à 15 heures, j’aurai terminé ma « carrière » d’agent de caisse. Demain à 15 heures, je tournerai une page de ma vie.

7 janvier 2011

Jeudi 6 janvier

Avec les fêtes, tout est chamboulé. Dans le décompte « normal », c’est vendredi dernier que j’aurais dû être en congé et jeudi cette semaine, mais entre Noël et le 1er janvier, personne n’a eu de congé hebdomadaire. Ce qui fait que je travaille aujourd’hui et que je suis en congé demain. Ça a fait toute une histoire avec Michèle qui pensait être elle aussi en congé demain. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne voulais pas l’arranger en échangeant nos jours, alors qu’on va le faire la semaine prochaine pour que je puisse partir en weekend. En fin de compte, j’ai du lui dire que demain j’avais des rendez vous d’embauche et ça lui en a bouché un coin. On est les deux plus anciennes, elle est arrivée trois mois après moi, et elle pensait qu’on resterait là toutes les deux jusqu’à notre retraite.

Pour elle qui habite dans la cité juste derrière, c’est l’idéal de travailler ici. Elle est prête à tout accepter. Elle ne peut pas envisager mieux et croit que tout le monde réagit comme elle. Elle n’arrive même pas à comprendre pourquoi j’ai envie de chercher autre chose.

En fait, aujourd’hui, il ne s’est rien passé et après tous ces jours pleins d’émotion, ça me fait drôle de vivre un jour sans rien.

En rentrant chez moi, j’ai regardé « Harold et Maud ».

Jean-Luc ne m’a envoyé aucun texto de la journée et ne m’a pas appelée. Je n’ai pas osé le faire et je me demande s’il n’a pas changé d’avis à mon sujet.

6 janvier 2011

Mercredi 5 janvier

Aujourd’hui, malgré les messages de Jean-Luc, la journée a été longue.

A 16 heures, j’étais à mon rendez-vous avec l’assistante sociale.

Elle a préparé trois thés mais au lieu d’aller dans son bureau, on est allées dans celui de la secrétaire. Elle lui a demandé de m’expliquer en quoi consistait le travail de secrétariat que faisait Jocelyne, qui part à la retraite à la fin du mois.

Ce n’est pas du tout ce dont elle m’avait parlé la semaine dernière, ça m’a l’air plus simple, établir les quittances de loyer pour les différents services d’hébergement, faire les statistiques et taper les bilans d’activité, ça me fait bien moins peur que le service d’insertion professionnelle où la secrétaire est celle qui est en contact direct avec les personnes en insertion, et puis c’est avec elle aussi que je travaillerai...

Ce n’est pas tant le travail qui me fait peur que ces gens. J’ai peur qu’ils soient trop proches de moi, de mes propres problèmes.

Après, on est allées dans son bureau et elle m’a expliqué qu’il y avait effectivement deux postes à pourvoir, un au métro Stalingrad, directement en contact avec les gens en réinsertion, et un autre, uniquement administratif, au métro Belleville.

Elle avait téléphoné aux deux chefs de service qui attendaient mon appel pour un entretien d’embauche.

De nouveau, j’avais les mains moites en téléphonant. J’ai rendez vous vendredi à 11 heures à Stalingrad et à 15 heures à Belleville.

Elle est allée chercher la convention collective pour que j’aie une idée du salaire que je n’avais pas osé demander. Elle disait que le salaire minimum ne devrait pas être inférieur à 1400 euros et qu’avec une ancienneté de 26 ans, je pouvais négocier aux alentours de 1800 euros.

Là, je n’y croyais pas du tout ! Mais elle m’encourageait à mettre en valeur mon expérience, que ce soit pour l’un ou l’autre des postes.

Elle me rappelait que c’était le regret que j’avais exprimé, au dernier rendez-vous, de ne pas avoir trouvé un travail plus conforme à mes souhaits.

C’était une occasion de tourner la page… Alors, je me suis souvenue que je m’étais dit ça pour le weekend à Casteljaloux.

Du coup, je lui ai tout raconté, Cultures du cœur, Leïla, Hugo, l’appareil photo, le réveillon, les huitres, la rencontre de Jean-Luc et finalement la proposition de travail qui, si ça marche, fera de moi sa collègue.

Ça fait beaucoup en un mois !

Elle m'a proposé de consulter le site de Culture du cœur, mais je n'ai pas la tête à ça !

En rentrant, pendant que Sarah travaillait dans sa chambre, j’ai regardé le film Gainsbourg, mais je me suis endormie avant la fin et Sarah m’a réveillée en sursaut à 22 heures parce qu’elle avait faim.

5 janvier 2011

mardi 4 janvier

Voilà, on a repris le rythme de croisière : les gens, les habitués, viennent acheter les trois bricoles dont ils ont besoin pour le jour même.

Le chef a recommencé à aboyer comme si les moments de complicité des deux soirs de réveillon n’avaient jamais existé.

Je pourrais presque croire que la vie a repris son cours d’avant s’il n’y avait pas, de temps en temps, cette petite sonnerie annonçant l’arrivée d’un texto. Il me faut attendre la pose pour les lire. Ce n’est pas grand-chose, juste un petit coucou, lui dans son TGV et moi dans la salle du personnel. Mais le lien est là. Pourtant, il ne s’est rien passé entre nous, juste des effleurements, des bises sur les joues, des flots de paroles et un fol espoir.

C’est drôle, je me sens comme une gamine à son premier flirt, toute attendrie. L’instant d’après, je me dis que c’est ridicule à mon âge. En vérité, j’ai peur. Peur de ne plus savoir aimer un homme, peur à l’idée de me retrouver nue devant lui. Depuis Claude, depuis huit ans, aucun homme ne m’a regardée, ne m’a désirée. Alors là, je me dis que ce n’est pas possible, Pas un homme comme lui, Pas une femme comme moi, abimée par la vie.

Et puis mon téléphone sonne et je me mets à sourire bêtement sans bouger.  Faut pas que je m’emballe, que je me laisse perturber. Mais c’est tellement bon !

Après les cours, Sarah est rentrée à la maison avec Hugo. Sa timidité n’aura pas tenu très longtemps, Marthe avait raison. Quand ils sont arrivés, j’étais en train d’éplucher une salade en écoutant la radio. Il m’a attrapée dans ses bras pour me faire tourner sans se soucier des feuilles de salade qui volaient partout !

Il m’a lâchée dans le séjour pour tomber en arrêt devant l’appareil photo et il a commencé à nous mitrailler, Sarah et moi. Ils faisaient les étonnés de voir que j’avais ça chez moi. En fait Sarah m’a avoué, que c’était son idée à lui, qu’il l’a acheté sur internet. Il dit que si on ne peut pas changer le monde qui nous entoure, au moins on peut en avoir une représentation  personnelle améliorée à notre convenance. La photo, ça a toujours été sa passion, puis maintenant, le cinéma.

On a mangé tous les trois une soupe et du tiramisu et je leur ai donné leurs cadeaux de Noël, le pull et la chemise pour Sarah et une boite de chocolat pour Hugo, qu’ils sont allés manger dans la chambre de Sarah.

Puis je me suis souvenue que je n’avais même pas encore souhaité la bonne année à Thomas et Leïla ni à mon père, ma sœur et mon beau frère. Alors j’ai téléphoné à tout le monde.

Et lorsque je suis allée me coucher, c’est Jean-Luc qui m’a appelée pour me souhaiter une bonne nuit…pendant presque une heure !

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Maryvonne à Casteljaloux
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